
La thèse a été soutenue le 18 décembre 2018. Elle a été rédigée sous la direction de Christian Bonah (SAGE UMR 7363) et Jean-Paul Gaudillière (CERMES3).
Le jury de thèse est le suivant :
- Christian Bonah (directeur)
- Jean-Paul Gaudillière (directeur)
- Anne Rasmussen (présidente du jury et rapporteur)
- Carine Vassy (rapporteur)
- Boris Hauray (examinateur)
Titre de la thèse
« Innovation thérapeutique et accidents médicamenteux. Socio-genèse du scandale du Benfluorex et conditions de reconnaissance d’une pathologie émergente : les valvulopathies médicamenteuses »
Résumé :
Affaire sanitaire, scandale médiatique, usage détourné, défaillances d’un système de régulation, méthodes d’influence d’un industriel sur des décideurs (politiques ou prescripteurs) sont autant de cadres interprétatifs proposés à la suite du retrait du Mediator®(benfluorex). Ce médicament des Laboratoires Servier, commercialisé de 1976 à 2009 est retiré du marché après la mise en évidence de pathologies spécifiques des valves cardiaques : les valvulopathies médicamenteuses.
Comprendre les origines et les conséquences cette affaire – au-delà des champs de compétence juridiques et politiques – nécessite d’élargir la focale et d’apporter de nouveaux éléments interprétatifs issus des sciences humaines et sociales concernant la non-détection des effets indésirables et le retrait du médicament perçus comme tardif. La question centrale ici réside dans la possibilité pour les cardiologues de reconnaître cette pathologie et ainsi de diagnostiquer les usagers malades.
À partir des données issues de deux enquêtes par questionnaire distinctes adressées l’une à des usagers du Mediator®et l’autre à des cardiologues ce travail établit six différentes « figures » théoriques et analytiques des personnes exposées – ou appelées à être exposées – à la molécule.
Ce cadrage permet d’apporter de nouvelles clés de compréhension dans la survenue d’un scandale sanitaire en replaçant au centre de l’analyse les premiers concernés par les dommages imputables au médicament et d’appréhender de quelle manière ils sont définis dans différents espaces, et de comprendre pourquoi leur reconnaissance (par le biais de la reconnaissance des valvulopathies médicamenteuses) reste difficile même si de prime abord il semble que tout est mis en place pour une indemnisation efficace.